Les démangeaisons font partie des motifs de consultation les plus fréquents chez le cheval. Un cheval qui se gratte « un peu » peut être dans la norme… mais un cheval qui se frotte à tout ce qu’il trouve, se mord la peau ou perd ses crins cache souvent un véritable problème de santé ou de gestion. Cette check-list express vous aide à repérer 15 signaux clés pour comprendre ce qui se passe avant de faire intervenir votre vétérinaire.
1. Observer le comportement : premiers indices à ne jamais ignorer
1.1. Frottements répétés contre les murs, arbres, clôtures
- Le cheval se frotte la queue contre la barre d’attache, les murs de box ou les arbres.
- Il cherche systématiquement les angles, les poteaux, les rebords d’abreuvoir pour gratter l’encolure ou la croupe.
- Les surfaces autour de lui présentent des traces de poils arrachés ou polis par le frottement.
Ce comportement est un des premiers signaux de démangeaisons importantes. Il peut évoquer une dermite estivale, des parasites externes (poux, poux broyeurs, acariens), une irritation cutanée ou un problème dermatologique plus profond.
1.2. Morsures de flancs, de membres ou de poitrail
- Le cheval se mord les flancs ou l’intérieur des membres avec insistance.
- On observe parfois de petites plaques sans poils, voire des croûtes superficielles.
- Le cheval semble agacé, tape du pied ou couche les oreilles lorsqu’il ne peut pas se gratter.
Ce signal évoque souvent des parasites cutanés ou une réaction allergique, mais peut aussi être lié à des douleurs internes (coliques légères, inconfort digestif) qu’il exprime en se mordant. L’observation du contexte (moment de la journée, présence d’insectes, changement d’alimentation) est essentielle.
1.3. Agitation au pansage ou au sanglage
- Le cheval ne supporte plus le passage de l’étrille ou du bouchon sur certaines zones.
- Il se creuse, tape, couche les oreilles ou tente de mordre lorsque vous touchez une région précise (garrot, ventre, cuisses, base de la queue…).
- Le sanglage devient plus compliqué, avec des réactions défensives inhabituelles.
La sensibilité excessive au brossage peut révéler des démangeaisons internes de la peau, une irritation liée à la sueur ou au matériel, voire une pathologie cutanée inflammatoire. C’est un signal précoce à ne pas banaliser.
2. Check-list express : 15 signaux qui doivent vous alerter
Signal 1 : Queue ébouriffée ou poils cassés à la base
La fameuse « queue en balai-brosse » est typique d’un cheval qui se gratte intensément. Poils cassés, bords irréguliers et peau parfois à vif à la base de la queue sont souvent associés à :
- Dermite estivale récidivante (allergie aux piqûres de culicoïdes).
- Infestation par des oxyures (vers intestinaux qui provoquent des démangeaisons anales).
- Irritation par la sueur, les crottins ou l’urine chez les chevaux au box.
Signal 2 : Crinière clairsemée ou crins en « champ de bataille »
Une crinière qui s’affine, avec des mèches cassées et des zones clairsemées, est un indicateur fréquent de démangeaisons au niveau de l’encolure. C’est un signe classique de dermite estivale, de réaction aux piqûres d’insectes ou de parasitose cutanée. Vérifiez également la présence de pellicules, croûtes ou rougeurs à la base des crins.
Signal 3 : Zones sans poils (alopécies) localisées
Des plages sans poils, bien délimitées ou non, sur le corps ou la tête peuvent indiquer :
- Gale ou autres affections parasitaires.
- Teigne (champignon très contagieux).
- Frottements répétés sous la selle, le tapis, le licol ou le couvre-cou.
Lorsque la zone est chaude, rouge ou douloureuse, il s’agit probablement d’un processus inflammatoire actif qui nécessite rapidement un avis vétérinaire.
Signal 4 : Pellicules, squames et peau qui « pèle »
Des pellicules abondantes au niveau de la crinière, de la croupe ou des membres peuvent être associées à :
- Une dermatite séborrhéique (déséquilibre du renouvellement cellulaire).
- Une irritation chronique de la peau (sueur non rincée, produits de soin inadaptés).
- Une infestation par certains parasites (poux broyeurs, acariens).
En présence de pellicules, observez si le cheval se gratte davantage après le travail ou lorsque son poil est humide : la macération de la sueur peut amplifier les démangeaisons.
Signal 5 : Croûtes, suintements ou plaques épaissies
Les croûtes (petites ou larges), parfois associées à des zones suintantes ou épaissies, sont typiques d’un processus inflammatoire cutané :
- Dermite estivale ou allergie de contact.
- Dermatite pasternale (gale de boue) au niveau des membres.
- Surinfection bactérienne secondaire à un grattage intensif.
Ces lésions peuvent être très prurigineuses (démangeaisons fortes). Elles justifient un diagnostic précis pour adapter traitement local, gestion de l’environnement et éventuelle couverture anti-insectes.
Signal 6 : Peau très chaude ou rouge sur certaines zones
Une peau anormalement chaude ou rouge, en particulier à la base de la queue, sur l’encolure, autour des oreilles ou entre les cuisses, évoque une inflammation active. Ce phénomène peut apparaître surtout :
- Aux premières chaleurs du printemps ou en plein été (insectes, allergènes).
- Après un changement de litière, de lessive pour les couvertures ou de produit de soin.
- Après un épisode de transpiration abondante sans douche ni pansage adapté.
Signal 7 : Grattage accentué à certaines heures ou saisons
Les démangeaisons ne sont pas toujours constantes. Certains chevaux se grattent :
- Surtout au crépuscule ou à l’aube, périodes d’activité maximale pour de nombreux insectes.
- Principalement l’été ou au printemps, compatible avec une dermite estivale ou une allergie environnementale.
- En box l’hiver, éventuellement lié à la litière, à la poussière ou à un air trop sec.
Repérer le caractère saisonnier ou périodique aide beaucoup à orienter le diagnostic.
Signal 8 : Perte de poids ou baisse d’état associée
Un cheval qui se gratte fortement et présente en plus :
- Une perte d’état.
- Un poil terne.
- Une baisse d’énergie au travail.
peut souffrir d’un problème plus global : parasitisme interne, carence nutritionnelle, pathologie chronique. Les démangeaisons ne sont alors que la partie visible de l’iceberg.
Signal 9 : Plaies auto-infligées par grattage ou morsures
Lorsque les démangeaisons sont intenses, le cheval peut se blesser lui-même :
- Écorchures sur les hanches, la croupe, l’encolure.
- Plaies linéaires le long des clôtures.
- Cicatrices répétées sur les mêmes zones.
La présence de plaies augmente le risque d’infection bactérienne et aggrave le cycle démangeaison–grattage–lésions. C’est un moment clé pour intervenir rapidement sur l’origine du prurit et protéger la peau.
Signal 10 : Grattage ciblé des membres, surtout en bas
Des démangeaisons concentrées au niveau des paturons, boulets et canons, avec parfois :
- Croûtes épaisses (aspect « gale de boue »).
- Poils collés, peau rose et à vif.
- Suintements ou odeur désagréable.
évoquent une dermatite pasternale, une gale, une réaction à l’humidité (sol boueux, lavage trop fréquent sans séchage) ou certains acariens. Les chevaux de trait ou à fanons abondants sont particulièrement concernés.
Signal 11 : Démangeaisons au niveau de la tête (oreilles, chanfrein, naseaux)
Un cheval qui frotte intensément sa tête :
- Se gratte les oreilles sur les antérieurs ou les barres.
- Frotte son chanfrein sur les murs, les mangeoires.
- Présente parfois des croûtes autour des oreilles ou des yeux.
peut être gêné par des insectes (moucherons, moustiques), une réaction allergique (pollen, poussière, produits), ou une affection parasitaire ou fongique localisée. C’est une zone fragile, à surveiller de près.
Signal 12 : Changement d’attitude au travail
Les démangeaisons n’apparaissent pas seulement au repos. Un cheval qui, en séance :
- Secoue souvent la tête.
- Frotte sa bouche ou son chanfrein sur les antérieurs dès qu’il peut.
- Devient irritable, moins concentré, « explosif » ou au contraire éteint.
peut être perturbé par un inconfort cutané. Par exemple, un tapis mal adapté qui retient la chaleur et la sueur, un couvre-reins irritant, ou une dermite exacerbée par la transpiration.
Signal 13 : Démangeaisons qui s’aggravent après la douche ou la pluie
Si le cheval se gratte davantage lorsque son poil est humide (après la pluie, le travail ou la douche), plusieurs pistes sont possibles :
- Produits de shampooing trop agressifs ou inadaptés.
- Séchage insuffisant, favorisant macération et irritation.
- Dermatites déjà existantes qui deviennent plus douloureuses à l’humidité.
Signal 14 : Démangeaisons apparues après un changement récent
L’apparition brusque de démangeaisons après :
- Un changement de litière (paille, copeaux, granulés de bois).
- Un nouveau produit de soin (spray anti-mouches, démêlant, baume, lessive de couverture).
- Une nouvelle ration, complément ou bonbon.
oriente vers une réaction d’hypersensibilité ou d’allergie de contact ou alimentaire. Noter ces changements dans un carnet d’observation est très utile pour votre vétérinaire.
Signal 15 : Cheval qui ne dort plus correctement
Les démangeaisons intenses peuvent perturber le repos :
- Le cheval se relève fréquemment pour se gratter.
- Il semble plus irritable, moins tolérant avec ses congénères.
- Il baille, trébuche davantage ou paraît fatigué au travail.
Un sommeil de mauvaise qualité affecte l’immunité, la récupération musculaire et le bien-être général. Un prurit chronique ne doit donc jamais être minimisé.
3. Causes fréquentes derrière les démangeaisons du cheval
3.1. Parasites externes : une cause à vérifier systématiquement
Les parasites cutanés sont parmi les premières causes de démangeaisons :
- Poux et poux broyeurs, surtout sur des chevaux amaigris ou en groupe.
- Gale sarcoptique, chorioptique ou psoroptique (acariens) provoquant un prurit intense.
- Tiquest et autres arthropodes qui irritent localement la peau.
Un examen approfondi du poil et de la peau, éventuellement complété par un raclage cutané ou une analyse en laboratoire, permet de confirmer le diagnostic et de cibler le traitement antiparasitaire.
3.2. Dermite estivale récidivante (DER)
La dermite estivale est une allergie aux piqûres de certains moucherons (culicoïdes). Les signes typiques incluent :
- Grattage violent de la base de la queue, de la crinière, parfois de la tête et du ventre.
- Perte de poils, croûtes, épaississement de la peau.
- Saisonnière, ressortant chaque année aux beaux jours.
La gestion repose sur une combinaison de mesures : protection mécanique (couverture intégrale, masques), réduction de l’exposition aux insectes, soins cutanés locaux, et parfois traitements médicamenteux prescrits par le vétérinaire.
3.3. Allergies et hypersensibilités
Les allergies peuvent être :
- Environnementales : pollens, poussières, moisissures de foin ou de litière.
- De contact : produits de soin, matières synthétiques, lessives.
- Alimentaires : composants spécifiques de la ration (protéines, additifs…).
Le diagnostic est souvent complexe et repose sur :
- Un interrogatoire détaillé de l’historique du cheval.
- Une élimination progressive des facteurs suspects.
- Éventuellement des tests allergologiques (intra-dermiques ou sanguins).
3.4. Problèmes de gestion, d’hygiène ou de matériel
Parfois, la cause est plus simple :
- Couvertures sales, mal ajustées ou gardées en permanence.
- Tapis de selle non lavés qui accumulent sueur, poils et bactéries.
- Manque de pansage régulier, surtout en période de mue.
- Box mal ventilé, trop poussiéreux ou trop humide.
Un ajustement de la gestion quotidienne peut alors réduire nettement les démangeaisons, notamment chez les chevaux à la peau sensible.
4. Quand demander l’avis du vétérinaire et comment vous préparer
4.1. Signes qui imposent une consultation rapide
Il est prudent de solliciter un avis vétérinaire lorsque :
- Les démangeaisons sont intenses et persistantes (plusieurs jours à semaines).
- Le cheval se blesse ou présente des plaies ouvertes.
- Les démangeaisons s’accompagnent de fièvre, abattement ou perte d’appétit.
- Plusieurs chevaux de la même écurie présentent des symptômes similaires (risque contagieux).
4.2. Informations utiles à fournir au professionnel
Pour faciliter le diagnostic, notez et transmettez :
- La date d’apparition et l’évolution des démangeaisons.
- Les zones principalement atteintes (queue, crinière, membres, tête, corps…).
- Le caractère saisonnier ou non des symptômes.
- Les modifications récentes (alimentation, litière, produits, mode de vie).
- Le protocole de vermifugation et les traitements déjà essayés.
Des photos régulières des lésions peuvent également aider à suivre l’évolution et à juger de l’efficacité des mesures mises en place.
5. Prévenir et limiter les démangeaisons : gestes clés pour le cavalier
5.1. Routine de pansage adaptée
- Utiliser des brosses propres et adaptées au type de poil.
- Éviter de frotter trop fort sur les zones sensibles ou déjà irritées.
- Rincer la sueur après un travail intense, puis sécher correctement le cheval.
- Contrôler régulièrement la peau sous la selle, les couvertures et les protections.
5.2. Gestion de l’environnement
- Limiter les zones d’eau stagnante et les endroits très boueux pour réduire les insectes et les dermatites pasternales.
- Assurer une bonne ventilation des boxes, réduire poussières et moisissures.
- Nettoyer et désinfecter régulièrement les équipements de pansage et de harnachement.
- Adapter les horaires de sortie aux périodes de moindre activité des insectes si votre cheval est allergique.
5.3. Attention particulière au matériel et aux produits
- Privilégier des tapis respirants, lavés fréquemment.
- Choisir des couvertures adaptées à la saison, bien ajustées, sans frottements.
- Tester les nouveaux produits de soin sur une petite zone avant une application large.
- Éviter les shampooings trop fréquents ou agressifs qui altèrent le film lipidique protecteur de la peau.
5.4. Ressources pour aller plus loin
Pour approfondir les différentes approches possibles, du diagnostic aux soins du quotidien, vous pouvez consulter notre article spécialisé, véritable dossier complet pour comprendre et soulager les démangeaisons de votre cheval. Vous y trouverez des pistes détaillées sur la gestion des dermites, le choix des produits et l’adaptation de l’environnement pour améliorer durablement le confort de votre cheval.
