Comprendre le harnachement du cheval est essentiel pour tout cavalier, qu’il soit débutant ou confirmé. Bien ajusté, il permet de communiquer avec le cheval en finesse et de préserver son confort. Mal adapté, il devient une source de douleur, de défenses et parfois d’accidents. Cet article propose une vision structurée du harnachement : définitions, vocabulaire, organisation logique et “schémas” décrits pas à pas pour visualiser chaque élément.
1. Qu’entend-on par “harnachement” du cheval ?
1.1. Définition générale
Le harnachement regroupe l’ensemble des équipements utilisés pour monter, atteler ou travailler un cheval. Il inclut tout ce qui permet :
- de maintenir le cavalier en selle ;
- de transmettre les aides (mains, jambes, poids du corps) ;
- de protéger le cheval dans l’effort ;
- de garantir la sécurité du couple cheval–cavalier.
En équitation montée (à l’obstacle, en dressage, en extérieur, etc.), on distingue principalement :
- le harnachement de tête (filet, bridon, licol de travail) ;
- le harnachement de dos (selle, tapis, sangle, amortisseur) ;
- les enrênements et aides complémentaires (martingale, rênes allemandes, etc.) ;
- les protections (guêtres, cloches, bandes, etc.).
1.2. Rôle du harnachement dans la relation cheval–cavalier
Un harnachement bien pensé doit remplir plusieurs fonctions simultanées :
- Fonction de communication : les rênes, la selle, la sangle et les étriers transmettent de minuscules variations de pression auxquelles le cheval répond.
- Fonction de sécurité : la selle stabilise le cavalier, le mors ou le hackamore aident au contrôle, les protections limitent les blessures.
- Fonction de confort : répartition du poids du cavalier, absence de points de pression, liberté de mouvement des épaules, de l’encolure et du dos.
Pour approfondir la question de l’adaptation de chaque pièce de harnachement au cheval et au cavalier, vous pouvez consulter notre dossier complet consacré au harnachement du cheval.
2. Le harnachement de tête : vocabulaire et organisation
2.1. Le licol : l’outil de base au quotidien
Le licol est l’équipement le plus simple, utilisé pour mener, attacher ou manipuler le cheval à pied. On distingue :
- Le licol plat (nylon ou cuir) : confortable, idéal pour la vie quotidienne (paddock, écurie, soins).
- Le licol éthologique (corde fine avec nœuds stratégiques) : permet une action plus précise et plus marquée pour le travail à pied, à manier avec tact.
Ses principales parties sont :
- La têtière : passe derrière les oreilles.
- La muserolle : passe sur le chanfrein.
- Les montants : relient la muserolle à la têtière.
- L’anneau de longe : sous la muserolle, point d’attache de la longe.
Schématiquement, en “vue de profil”, le licol dessine un rectangle autour de la tête du cheval, sans entrer dans la bouche.
2.2. Le filet simple : base du harnachement de tête
Le filet, parfois appelé “bride simple”, comporte un mors et permet de monter le cheval en rênes simples. Il se compose généralement :
- De la têtière : bandeau qui passe derrière les oreilles (les oreilles du cheval sortent par deux ouvertures).
- De la frontal : lanière qui passe sur le front, reliant les deux côtés de la têtière.
- Des montants : sangles verticales qui descendent de la têtière pour soutenir le mors.
- De la muserolle : sangle qui entoure le nez et la mâchoire supérieure, avec un réglage sous la ganache.
- Du mors : pièce métallique ou synthétique placée dans la bouche, reposant sur les barres (gencives sans dents).
- Des rênes : longues lanières que le cavalier tient en main pour transmettre ses indications.
2.3. Les différents types de muserolles
La muserolle influe sur la fermeture de la bouche et la stabilité du mors. Principales variantes :
- Muserolle française (simple) : une bande horizontale classique, assez haute, peu contraignante.
- Muserolle combinée : muserolle française à laquelle s’ajoute une sous-muserolle (bande plus basse qui empêche d’ouvrir exagérément la bouche).
- Muserolle croisée (ou grackle) : deux lanières qui se croisent sur le chanfrein et se bouclent sous la ganache, très utilisée sur les chevaux qui ouvrent beaucoup la bouche.
- Muserolle allemande (ou “flash” large) : plus large, parfois anatomique, permettant une meilleure répartition des pressions.
- Muserolle sans mors (side pull, hackamore) : dans ces systèmes, la muserolle sert de point d’action principal, le cheval est monté “sans mors”.
Schématiquement, muserolle française et combinée ressemblent à une ceinture horizontale autour du nez, alors que la muserolle croisée dessine un X sur le chanfrein.
2.4. Les principales familles de mors
Le mors est un sujet vaste. Trois grandes familles permettent de structurer le vocabulaire :
- Mors simple brisé : un seul canon coupé en deux, relié par une articulation centrale (olive ou joint). Action directe sur les commissures des lèvres et les barres. Très courant pour l’initiation et le travail quotidian.
- Mors double brisure : deux articulations et une petite pièce centrale (olive ou plaque). Répartit mieux les pressions et limite l’effet “casse-noisette” d’un simple brisé.
- Mors à passage de langue, mors droit : canon droit avec parfois un léger passage pour la langue. Action plus stable, très utilisé sur chevaux sensibles.
À cela s’ajoutent les mors à levier (Pelham, Pessoa, goyo-aguja, mors de bride) qui combinent un effet sur la bouche et sur la nuque, via des branches ou des anneaux multiples. Leur mécanisme repose sur un effet de démultiplication : plus il y a de levier, plus l’action est potentiellement forte.
2.5. Hackamore, side pull et bridons sans mors
Dans un bridon sans mors, la bouche du cheval est libre. Les actions se reportent sur :
- le chanfrein (nez) ;
- la nuque ;
- parfois la muserolle basse et la mandibule.
Quelques exemples :
- Side pull : rênes fixées sur des anneaux latéraux au niveau du nez, action latérale proche du licol.
- Hackamore mécanique : branches métalliques sous la muserolle, créant un effet de levier important. À réserver à des mains confirmées.
- Hackamore sans levier (bosal, flat hackamore) : action plus douce, davantage basée sur la pression diffuse.
3. Le harnachement de dos : selle, sangle, tapis, amortisseur
3.1. Composition “schématique” d’une selle
En vue de profil, une selle anglaise de sport se décompose en plusieurs zones clés :
- Le siège : partie où s’assied le cavalier, plus ou moins creux selon la discipline.
- Le troussequin : bord arrière, plus ou moins relevé, qui “bloque” le bassin.
- Le pommeau : partie avant surélevée, au-dessus du garrot du cheval.
- Les quartiers : grands pans de cuir qui descendent de chaque côté, sous les jambes du cavalier.
- Les avancées de quartiers : proéminences parfois marquées pour soutenir la jambe.
- Les taquets : renforts en mousse ou en cuir, à l’avant ou à l’arrière du quartier, guidant la position de la jambe.
- Les panneaux : coussins qui reposent de part et d’autre de la colonne vertébrale du cheval.
- L’arcade de garrot : structure interne qui détermine l’ouverture au niveau du garrot (largeur de la “porte” que forme la selle).
- Les contre-sanglons : sangles verticales sous les quartiers, où se fixe la sangle.
3.2. Les différents types de selles
On peut classer les selles selon l’usage :
- Selle mixte : la plus polyvalente, adaptée à la carrière et au travail en extérieur.
- Selle de saut : quartiers avancés, taquets marqués, siège souvent plus plat pour faciliter l’équilibre en suspension.
- Selle de dressage : quartiers longs et droits, siège profond, permettant une jambe descendue et proche du cheval.
- Selle d’endurance : conçue pour le confort sur de longues distances, panneaux larges, poids réduit.
- Selle western : structure et vocabulaire spécifiques (horn, fenders, skirts) avec un arçon globalement plus large.
Le choix d’une selle doit se faire en fonction :
- de la morphologie du cheval (garrot sorti ou noyé, dos droit ou ensellé, côtes rondes, etc.) ;
- de la morphologie du cavalier (longueur de jambe, bassin, niveau) ;
- de la discipline pratiquée.
3.3. Tapis, amortisseur et sangle : petits équipements, grands impacts
3.3.1. Le tapis de selle
Placée entre la selle et le dos, le tapis a plusieurs fonctions :
- protéger la selle de la sueur ;
- répartir légèrement la pression ;
- absorber la transpiration ;
- ajouter une couche de confort.
Formes principales :
- Tapis carré : de forme rectangulaire arrondie, très utilisé en club et en obstacle.
- Tapis de dressage : plus long verticalement, pour couvrir les grands quartiers des selles de dressage.
- Chabraque : forme épousant plus étroitement les contours de la selle.
3.3.2. L’amortisseur
L’amortisseur se place directement sur le dos ou sur le tapis, sous la selle. Il sert à :
- atténuer les chocs ;
- compenser de légères irrégularités de dos ou d’arçon ;
- stabiliser la selle.
En revanche, l’amortisseur ne doit pas être utilisé pour “rattraper” une selle totalement inadaptée : il ne remplace pas un bon ajustage.
3.3.3. La sangle
La sangle maintient la selle en place en passant sous le ventre du cheval. Elle se fixe aux contre-sanglons de chaque côté. Différents modèles existent :
- Sangle droite : convient aux chevaux avec un passage de sangle bien marqué.
- Sangle bavette : large plaque de protection ventrale, particulièrement en saut pour éviter les coups de fer.
- Sangle anatomique : forme incurvée pour libérer les coudes et mieux épouser la cage thoracique.
- Sangle western (“cinch”) : système différent, attaché à la selle western avec des nœuds spécifiques.
Une sangle trop serrée ou mal positionnée peut gêner la respiration, créer des blessures de frottement et générer des défenses au sanglage (morsures, coups de pied, agitation).
4. Enrênements et aides complémentaires : schémas fonctionnels
4.1. Martingales et enrênement “de sécurité”
4.1.1. Martingale fixe
La martingale fixe est un enrênement qui part de la sangle (entre les antérieurs), remonte vers le poitrail et se divise en deux branches qui viennent s’attacher aux montants du mors. Son action :
- limiter le relèvement excessif de l’encolure ;
- stabiliser la direction ;
- aider à maintenir un contact plus constant.
Schématiquement, vue de profil, elle forme un Y inversé entre la sangle et le mors.
4.1.2. Martingale à anneaux (ou coulissante)
La martingale à anneaux est composée d’une sangle de poitrail attachée à la sangle, se divisant en deux branches terminées par des anneaux. Les rênes passent dans ces anneaux, ce qui :
- empêche le cheval de lever exagérément la tête ;
- n’agit que lorsque le cheval dépasse une certaine hauteur d’encolure ;
- permet une grande liberté lorsque le cheval travaille dans une attitude correcte.
4.2. Enrênements de mise en main et de travail à pied
4.2.1. Rênes allemandes
Les rênes allemandes sont un enrênement réglable, partant de la sangle (entre les antérieurs ou sur les côtés), passant dans le mors, puis revenant aux mains du cavalier. Elles s’utilisent en complément des rênes classiques. Elles permettent :
- d’augmenter l’action descendante de la main ;
- d’aider un cheval à comprendre la descente d’encolure ;
- de limiter le renversement d’encolure chez certains chevaux.
Cet enrênement doit être manié avec une grande finesse car il autorise facilement une action trop forte sur la bouche.
4.2.2. Gogue et chambon
Deux enrênements classiques pour le travail en longe et parfois monté :
- Le chambon : part de la sangle (ou du surfaix), passe par des poulies fixées au sommet de la têtière du filet, puis se fixe au mors. Il invite le cheval à baisser l’encolure mais n’agit pas sur l’angle de la nuque.
- Le gogue : variante du chambon, avec des rênes supplémentaires reliées au mors. Il agit à la fois sur la nuque et l’ouverture de l’angle tête-encolure.
Utilisés à bon escient, ces enrênements peuvent aider un cheval à muscler son dos. Mal utilisés, ils risquent d’enfermer le cheval dans une attitude contrainte.
5. Protections, compléments et vocabulaire pratique
5.1. Protections des membres
Les protections visent à limiter les chocs et les lésions des tendons, ligaments et tissus mous :
- Guêtres fermées : enveloppent l’avant et l’arrière du canon, souvent en néoprène ou plastique rigide.
- Guêtres ouvertes (tendon boots) : coquille rigide à l’arrière du membre, sangles de fixation à l’avant, très utilisées en saut.
- Protège-boulets : entourent uniquement le boulet, complétant les guêtres ouvertes chez les chevaux d’obstacle.
- Cloches : en forme de cloche autour du sabot, protègent les glomes et le bourrelet coronair, limitent les atteintes (cheval qui se marche dessus).
- Bandes de travail : bandes de repos ou de travail en tissu élastique, nécessitent une pose maîtrisée pour éviter les garrots et les pressions inégales.
5.2. Surfaix, croupière et collier de chasse
5.2.1. Surfaix
Le surfaix est une large ceinture rembourrée qui fait le tour du thorax du cheval, au niveau de la selle mais sans arçon. Il présente divers anneaux pour fixer les enrênements en longe ou en travail monté. Utilisations principales :
- travail à la longe avec enrênements ;
- mise en condition des jeunes chevaux ;
- exercices de désensibilisation.
5.2.2. Croupière
La croupière est une sangle qui part de l’arrière de la selle (parfois fixée au troussequin), passe sous la queue et revient de chaque côté. Son but :
- empêcher la selle de glisser vers l’avant, notamment sur les chevaux très ronds ou en terrain accidenté.
Elle doit être réglée avec soin pour éviter tout frottement ou irritation de la queue.
5.2.3. Collier de chasse (ou bricole)
Le collier de chasse est un ensemble de sangles qui partent de la selle (ou de la sangle), passent sur le poitrail et se rejoignent en un point central. Il sert à :
- stabiliser la selle vers l’arrière ;
- empêcher la selle de reculer dans les descentes ou sur les chevaux à épaule très inclinée.
En schéma simple, il forme un V autour du poitrail, attaché à la selle de chaque côté et à la sangle ou au poitrail au centre.
5.3. Vocabulaire pratique pour vérifier l’ajustement
Quelques repères simples utilisés par les cavaliers pour décrire un harnachement bien ajusté :
- Dégager le garrot : s’assurer qu’on peut glisser deux à trois doigts verticalement entre le garrot et le pommeau de la selle.
- Libérer les épaules : vérifier que les panneaux et la sangle ne bloquent pas le mouvement de l’omoplate.
- Creux de l’encolure : endroit où repose la têtière, à dégager au maximum grâce aux modèles anatomiques.
- Points de pression : zones où le cuir marque la peau après le travail (à surveiller pour éviter les blessures).
- Réglage du mors : en règle générale, 1 à 2 plis discrets au coin de la bouche lorsque le mors est à la bonne hauteur.
- Réglage de la muserolle : pouvoir passer un ou deux doigts entre la muserolle et le chanfrein, sans écraser les naseaux.
5.4. Organisation pratique : comment “lire” un cheval harnaché
Pour visualiser mentalement un harnachement complet, on peut adopter une démarche “du nez à la queue” :
- Tête : licol ou filet (têtière, frontal, montants, muserolle, mors, rênes).
- Poitrail : collier de chasse, martingale, éventuellement poitrail de protection.
- Dos : tapis, amortisseur, selle (quartiers, siège, panneaux), sangle.
- Membres : guêtres, protège-boulets, cloches, bandes.
- Arrière-main : éventuelle croupière, protections postérieures.
Ce “schéma de lecture” permet d’identifier rapidement un élément manquant, un mauvais réglage ou un équipement superflu au regard du niveau du cavalier et des besoins du cheval.

