cheval

Tresser un cheval comme un pro : décoder les styles de tresses selon la discipline

Image pour tresser un cheval

Dans les disciplines équestres, la manière de tresser la crinière et la queue ne relève pas seulement de l’esthétique. Les tresses permettent de valoriser l’encolure, de mettre en avant le geste sportif, d’éviter que les crins ne gênent le cheval ou le cavalier, et de respecter les codes de chaque discipline. Savoir adapter le style de tresse au type de compétition est donc une véritable compétence de cavalier amateur, au même titre que l’entretien du matériel ou la préparation physique du cheval.

Pourquoi tresser un cheval : utilité, règles et codes esthétiques

Fonctions pratiques des tresses

Avant de se pencher sur les styles selon la discipline, il est utile de comprendre pourquoi les cavaliers tressent leurs chevaux :

  • Visibilité des aides du cavalier : en dressage, les tresses libèrent la ligne de l’encolure et facilitent la lecture du contact, du pli et de l’attitude du cheval.
  • Sécurité : éviter que les crins ne se prennent dans les rênes, la bombe, les gants ou les mains (saut d’obstacles, cross).
  • Confort du cheval : moins de crins qui chatouillent ou collent au cou en cas de transpiration, surtout en été ou sur les épreuves longues.
  • Hygiène et entretien : une crinière tressée reste plus propre pendant la journée de concours.
  • Esthétique et présentation : en compétition, un cheval bien tressé donne une impression de sérieux, de soin et de respect des codes de la discipline.

Ce que disent les règlements (et ce qu’ils ne disent pas)

Dans la majorité des disciplines amateurs, tresser n’est pas une obligation stricte, mais c’est une norme forte, surtout :

  • en dressage, où le cheval est quasi systématiquement présenté tressé,
  • en concours complet, au moins pour l’épreuve de dressage,
  • en CSO (saut d’obstacles), surtout sur les épreuves officielles et les niveaux plus élevés,
  • en modèles et allures, où la présentation compte énormément.

Les règlements indiquent rarement un type de tresse imposé. En revanche, certains codes traditionnels sont si répandus qu’ils deviennent de fait des standards (par exemple les petits pions en dressage moderne).

Impact visuel et morphologie du cheval

Le choix de la tresse ne dépend pas uniquement de la discipline, mais aussi de la morphologie du cheval :

  • un cheval au cou court et massif sera plus valorisé par des tresses qui allongent visuellement l’encolure (tresses espagnoles, crinière légèrement plus longue),
  • un cheval à longue encolure fine sera mis en valeur par de nombreux petits pions bien réguliers,
  • une crinière très épaisse sera parfois difficile à tresser en pions serrés, et nécessitera un style adapté (tresses « en serpentin », tresses alternées, ou même crinière tirée plus courte).

Tresses de dressage : petits pions, élégance et régularité

Les pions classiques (ou « button braids »)

En dressage, la référence actuelle reste la crinière en petits « pions », c’est-à-dire de petites boules régulières tout le long de l’encolure :

  • Longueur idéale de crinière : environ 8 à 12 cm, après avoir tiré ou effilé si besoin.
  • Nombre de tresses : souvent entre 15 et 25 pions, en fonction de la longueur de l’encolure et de l’épaisseur de la crinière.
  • Aspect recherché : des pions ronds, réguliers, bien alignés sur la crête de l’encolure.

Ils permettent :

  • de libérer totalement l’encolure,
  • de mettre en valeur la musculature et la rectitude,
  • de donner un aspect très « propre » et professionnel.

Comment réaliser des pions de dressage réguliers

La technique varie selon les cavaliers, mais le principe général reste le même :

  • Laver et démêler la crinière la veille pour éviter qu’elle ne soit trop glissante le jour J.
  • Humidifier légèrement ou utiliser un gel spécial tresses pour faciliter la tenue.
  • Séparer la crinière en mèches égales : une astuce consiste à utiliser un peigne avec dents numérotées pour répartir les sections.
  • Tresser chaque mèche bien serrée jusqu’au bout, en fermant éventuellement avec un petit élastique.
  • Enrouler chaque tresse sur elle-même pour former un pion, puis le fixer par un élastique ou quelques points de fil et d’aiguille (méthode traditionnelle très stable).
Lire  Conseils pratiques pour harnachement

La fixation avec fil et aiguille, bien que plus longue, offre un résultat particulièrement net et durable, surtout si le cheval frotte son encolure ou s’il passe plusieurs heures au box entre deux reprises.

Variantes : tresses plus longues et style baroque

En dressage, on rencontre aussi d’autres styles, notamment sur des chevaux baroques (lusitaniens, frisons, PRE) :

  • Tresse « en échelle » ou « en zigzag » : les mèches sont croisées d’un côté à l’autre de l’encolure, créant un motif très graphique.
  • Tresse de crinière complète : une grosse tresse longitudinale, plutôt réservée aux chevaux à très longue crinière, lorsqu’on ne souhaite pas couper ni tirer.
  • Tresses espagnoles multiples : plusieurs tresses longues parallèles, qui soulignent le mouvement de l’encolure.

Ces variantes restent plus rares en compétition officielle de dressage classique, mais peuvent être appréciées en spectacle, en travail à pied ou dans certaines reprises libres en musique.

La queue en dressage

La queue est généralement laissée libre en dressage, mais :

  • on peut tresser le haut de la queue sur quelques dizaines de centimètres pour dégager les cuisses et la croupe,
  • on veille à ce que la queue soit parfaitement démêlée, propre et légèrement égalisée.

Une queue non brossée ou pleine de « bourres » de crins peut réellement dévaloriser l’ensemble, même si le cheval est impeccablement tressé à la crinière.

CSO et complet : tresses fonctionnelles pour la performance

CSO (saut d’obstacles) : sobriété et efficacité

En saut d’obstacles, la fonction première de la tresse reste de limiter la gêne, notamment pour le cavalier qui se met en équilibre et peut venir près de l’encolure au-dessus des obstacles.

Les tendances courantes en CSO sont :

  • Pions plus espacés et un peu plus gros que pour le dressage, donnant un aspect moins « académique » mais propre.
  • Tresses simples le long de l’encolure, parfois roulées une seule fois et fixées, pour un montage rapide.
  • Queue tressée sur la longueur puis laissée libre sur la partie basse, afin d’éviter qu’elle ne se prenne dans les barres ou les chandeliers.

Pour des épreuves club ou amateurs de niveau modéré, certains cavaliers choisissent de ne pas tresser en CSO, mais sur des concours officiels ou des tours importants, la tresse reste une marque de présentation soignée.

Concours complet : adapter selon les tests

En concours complet, le cheval doit être performant dans trois tests : dressage, cross et CSO. La tresse doit donc répondre à plusieurs contraintes :

  • en dressage : tresses soignées, souvent des pions comparables à ceux du dressage pur,
  • en cross : priorité absolue à la sécurité (pas de crins qui volent devant les yeux du cavalier ou qui s’emmêlent dans le matériel),
  • en CSO : compromis entre tenue, esthétisme et rapidité de préparation, car le temps entre cross et CSO peut être limité.

De nombreux cavaliers de complet optent pour :

  • des tresses solides faites dès le début de journée, gardées pour les trois tests,
  • ou des tresses de dressage plus élaborées qu’ils simplifient ensuite pour les phases sportives (en retirant certains points de fixation pour gagner en confort).
Lire  Guide Complet pour Choisir un Nom de Cheval Femelle

Queue en complet : protection et praticité

Sur le cross, la queue est souvent :

  • tressée sur la longueur pour éviter qu’elle ne s’accroche aux obstacles naturels ou aux fanions,
  • parfois enveloppée dans un bandage de queue lors du transport, puis laissée libre juste avant l’épreuve.

Il est essentiel de ne pas serrer exagérément la base de la queue, afin de ne pas gêner le cheval dans ses mouvements et son équilibre.

Attelage, show et modèles & allures : codes spécifiques et mise en valeur maximale

Attelage : tresses conformes au type de voiture et au style

En attelage, la présentation du cheval a une importance particulière, car le juge apprécie l’harmonie d’ensemble entre le meneur, la voiture, le harnachement et les chevaux.

On retrouve fréquemment :

  • des pions serrés pour les chevaux d’attelage fin (type sport), proches des tresses de dressage,
  • des tresses plus volumineuses et marquées pour les chevaux de trait, parfois agrémentées de rubans ou d’ornements traditionnels,
  • une queue tressée et relevée selon les usages de la race ou de la tradition régionale (par exemple, tresses galloises, scottish, etc.).

Modèles et allures : faire ressortir les points forts du cheval

En concours de modèles et allures, l’objectif est de montrer la morphologie et les allures du cheval sous leur meilleur jour. La tresse devient un outil stratégique :

  • un cheval à encolure courte bénéficiera mieux de tresses moins nombreuses, plus longues, éventuellement légèrement inclinées vers l’avant,
  • un cheval à encolure longue et fine sera mis en valeur par beaucoup de petits pions, qui soulignent la ligne du dessus,
  • pour une tête très expressive, on peut laisser quelques mèches ou une légère frange pour ne pas durcir le modèle.

Les juges sont attentifs à la propreté générale, au soin apporté aux tresses (régularité, symétrie) et à l’absence de « gadgets » superflus dans les compétitions officielles.

Shows de race et présentations spécifiques

Certaines races possèdent leurs propres codes de tressage :

  • les poneys de type hunter sont souvent présentés avec des pions très réguliers, assez nombreux, sur crinière tirée courte,
  • les poneys Shetland ou certaines races rustiques peuvent être présentés avec une crinière plus naturelle, mais entretenue,
  • les frisons, ibériques et baroques sont souvent montrés avec crinière longue, soigneusement démêlée, parfois agrémentée de tresses partielles qui n’enlèvent rien à la longueur.

Dressage western, horse-ball, TREC, loisir : adapter sans surcharger

Styles western : crinière libre, tresses simples et allure naturelle

Dans les disciplines western (reining, pleasure, trail, etc.), l’esthétique diffère nettement du dressage classique :

  • la crinière est plus souvent laissée libre, mais bien entretenue et démêlée,
  • on utilise des tresses longues et lâches, parfois deux ou trois grosses tresses latérales,
  • on peut tresser partiellement le haut de la crinière pour dégager la nuque, tout en conservant un effet « crins flottants ».

La queue, en western, est généralement laissée libre, mais démêlée, avec parfois un léger amincissement pour un rendu plus net.

Horse-ball : priorité maximale à la fonctionnalité

En horse-ball, les crins longs sont clairement un risque de gêne pour les joueurs. Les tresses doivent être extrêmement fonctionnelles :

  • crinière souvent tressée en une seule grosse tresse plaquée ou en plusieurs tresses serrées sur toute la longueur,
  • queue généralement tressée et enroulée ou protégée dans un bandage pour éviter toute gêne lors des prises de balle.

Dans cette discipline, l’aspect esthétique passe après la sécurité et la lisibilité du jeu. Une tresse qui se défait en cours de match devient vite un problème concret.

Lire  Créez Votre Propre Déguisement Équestre Unique pour Halloween

TREC, randonnée et loisir sportif

Pour le TREC et les disciplines de loisir sportif, la tresse doit avant tout :

  • tenir dans la durée (épreuves parfois longues, avec passages en sous-bois, branches, portails),
  • ne pas gêner le cheval dans ses changements d’attitude (montée, descente, appuyers sur le PTV),
  • rester confortable si le cheval transpire.

Les cavaliers optent fréquemment pour :

  • des tresses simples sur toute la longueur de la crinière, faciles à refaire si besoin,
  • une queue tressée sur la moitié supérieure, laissant la partie basse libre pour chasser les insectes.

Conseils pratiques pour tresser comme un pro, quelle que soit la discipline

Préparer les crins : la base de tresses qui tiennent

Quelle que soit la discipline, la qualité de la préparation conditionne la tenue de vos tresses :

  • Laver la crinière la veille, pas le jour même, pour éviter qu’elle ne soit trop glissante.
  • Démêler soigneusement, mais sans saturer de démêlant siliconé (trop glissant pour tresser).
  • Utiliser un spray spécial tresses ou juste de l’eau pour redonner un peu de « grip » aux crins.
  • Adapter la longueur de crinière : une crinière trop longue sera difficile à rouler en pions propres, une crinière trop courte sera presque impossible à tresser.

Pour approfondir les techniques de base, la répartition des mèches et les méthodes de fixation, vous pouvez consulter notre article spécialisé sur la préparation de la crinière pour tresser un cheval dans les règles de l’art, qui détaille étape par étape le matériel, les gestes et les erreurs à éviter.

Matériel utile pour un tressage propre

Un bon kit de tressage comprend généralement :

  • un peigne à crinière pour séparer les mèches,
  • des élastiques de couleur assortie à la robe (noir, brun, neutre ou transparent),
  • une brosse douce ou un peigne à queue,
  • un petit spray d’eau ou de produit fixant,
  • une aiguille à coudre épaisse et du fil pour ceux qui préfèrent la fixation traditionnelle des pions,
  • une marche ou un tabouret pour travailler à hauteur confortable sur les chevaux grands.

Erreurs fréquentes à éviter

Beaucoup de cavaliers amateurs font les mêmes erreurs au début :

  • Sections inégales : des mèches trop grosses à certains endroits et trop fines à d’autres créent un effet visuel irrégulier.
  • Tresses trop lâches à la base : elles « tombent » sur un côté de l’encolure au bout de quelques minutes de travail.
  • Élastiques trop serrés à la racine, qui peuvent irriter la peau ou casser les crins.
  • Tressage trop précoce : faire les tresses très tôt le matin pour une épreuve tardive augmente le risque qu’elles se détendent ou se salissent.
  • Négliger la symétrie : une encolure avec 10 tresses d’un côté et 12 de l’autre, ou un pion central pas vraiment au milieu du garrot, se voit vite.

Adapter la tresse au tempérament du cheval

Enfin, le caractère de votre cheval joue aussi :

  • un cheval qui n’aime pas rester immobile supportera mieux plusieurs sessions courtes de tressage qu’une longue séance d’un seul coup,
  • un cheval qui se gratte fréquemment demandera des tresses particulièrement bien fixées (fil plutôt qu’élastiques simples),
  • un jeune cheval découvert en concours pour la première fois sera plus détendu si vous avez déjà pratiqué le tressage à la maison, dans un contexte calme.

Avec de l’entraînement, vous développerez une routine adaptée à votre discipline, au type de crinière et au tempérament de votre cheval, pour obtenir des tresses à la fois fonctionnelles et esthétiques, dignes des cavaliers les plus expérimentés.