Je souhaite en abordant ce sujet vous faire part des difficultés que j’ai rencontrées en tentant d’apprendre l’épaule en dedans à mon jeune cheval, ce qui me permet de dégager, avec le recul, quelques pré requis pour « cueillir » l’épaule en dedans plus facilement.
Je pars du principe, qui n’est pas un dogme universel, que j’apprends l’épaule en dedans dans l’allure du pas.
Je crois que le problème qui s’est posé à moi c’est principalement le fait d’un cheval sur les épaules qui file en avant, encolure un peu longue, nuque un peu raide. Dans ces conditions, l’animal est « sourd » aux aides, résiste et fuit l’exercice de multiples manières, en échappant, en se tordant, en forçant la main.
J’avais pourtant préparé par les exercices connus, élargissement du cercle, rétrécissement, cessions à la jambe en revenant à la piste, etc., mais ces exercices n’étaient pas réalisés dans un équilibre suffisant.
J’avais en effet en tête de ne pas raccourcir l’allure, de conserver un vrai pas ample, pensant qu’un assouplissement comme l’épaule en dedans n’avait de sens et d’utilité que dans ces conditions.
Certaines phrases avaient dû m’échapper, comme celle de Michel Henriquet dans « Gymnase et dressage » où il est question des vertus du pas :
« Les mouvements de côté au pas très lent, calmement modulé […] »
Ou bien celle de Nuno Oliveira dans les Notes sur l’enseignement :
« Elle (l’épaule en dedans) doit s’exécuter dans un pas lent, cadencé »
Ou dans Les principes classiques de l’art de dresser les chevaux :
« le pas ne doit pas être trop large[…] s’il est trop large, le dos se creuse »
De piètres résultats m’ont amené à revoir mes conceptions et je dirais aujourd’hui qu’il faut déjà en pré requis que le cheval au pas :
- Accepte le contact avec des rênes correctement ajustées. (le cheval n’est pas laissé dans une longueur d’encolure de repos) ;
- Ai un minimum de décontraction dans l’ensemble bouche-nuque-encolure ;
- Accepte des variations d’allure (dans le pas) sans forcement de main ;
- Accepte de s’arrêter, de reculer ;
- Connaisse et donc obéisse à la jambe intérieure qui chasse à l’extérieur du cercle soit les hanches soit le corps dans son ensemble ;
- Connaisse et donc obéisse à la jambe extérieure qui le chasse à l’intérieur du cercle
- Connaisse et donc obéisse à la rêne d’appui qui déplace les épaules.
Pour moi dans cette liste, ce sont les variations de l’allure et les arrêts qui demanderont le plus de patience et de ténacité, car c’est ce qui provoque les résistances les plus fréquentes. L’intention du cavalier étant d’user de ses aides de retenue avec le plus de légèreté possible pour finalement se retrouver avec un cheval à peu près équilibré et à peu près décontracté, bien dans les aides au contact. Le cavalier ayant le sentiment de vraiment pouvoir contrôler le pas et tout le cheval. Ceci commençant par un cercle tout bête , cheval droit comme sur un rail.
Je crois que si on a ça, ce qui représente déjà un travail certain en amont, on peut obtenir facilement quelques foulées en épaule en dedans correctes et sans résistances majeures.
Et que si on a pas ça, on buttera toujours sur des résistances, sur des fuites des épaules ou des hanches et un exercice qui se détériorera avant même d’avoir été ébauché.
Jean-Denis Casanave
Oui,l’épaule en dedans bien exécutée est un exercice plein de vertus.
A contrario, il y a peu , j’essayais au trot d’aller en épaule en dedans de bonne manière , mais mon cheval ne trouvait pas la décontraction, trop sur la main. Je continuais tout de même à chercher dans le trot la solution,la décontraction, mais sans succès…
J’ai finalement terminé la reprise dans un moins bon équilibre et avec plus de résistances.
L’exercice peut donc être très vite nuisible. Si les aides doivent bien être au contact et présentes, dés que l’on sent un forcement … la copie est à revoir.
Le sujet est vaste et ouvert …
Le pas compté (ou presque !) est souverain en bien des situations de travail, que ce soit pour aborder un nouvel exercice, pour calmer une situation délicate, et même étonnamment, pour créer de l’impulsion là où il en manque, parfois, avec certains chevaux…
Je ne suis pas sûre que le reculer soit véritablement indispensable avant d’aborder l’épaule en dedans. En fait, chaque cheval propose souvent des disponibilités naturelles pour certaines choses et des difficultés pour d’autres et parfois, ces associations originelles de capacités et d’incapacités chez un même cheval viennent contredire complétement des plans de progressions couramment admis.
L’épaule en dedans, bien exécutée, est d’une telle utilité tout au long du travail du cheval, tant pour qu’il progresse que pour l’entretenir et le préserver durablement physiquement.Une base fondamentale qui, dès le pas, recèle de bien belles sensations pour le cavalier.
« L’épaule en dedans est la première et la dernière leçon à donner au cheval » dit La Guérinière.
Ce n’est pas pour rien qu’Oliveira lui consacre dans une grande partie de ses ouvrages, des chapitres complets.