Offrir des friandises à son cheval fait partie des petits plaisirs du quotidien à l’écurie. Bien choisies, elles renforcent le lien, facilitent le travail à pied ou la récompense après une bonne séance. Mais toutes les gourmandises ne se valent pas et l’on peut vite tomber dans l’excès de sucre ou de produits inadaptés. Transformer des ingrédients du quotidien en récompenses maison est une excellente solution pour garder la maîtrise de la composition tout en respectant la santé du cheval.
1. Rappels essentiels avant de préparer des friandises maison
Respecter la physiologie digestive du cheval
Le cheval est un herbivore monogastrique, conçu pour consommer de petites quantités de fibres en continu. Son système digestif est sensible aux excès de sucre et d’amidon. Même lorsqu’on prépare des friandises maison, il est crucial de garder en tête quelques règles :
- Les friandises restent exceptionnelles : elles ne doivent pas dépasser quelques unités par jour.
- Elles ne remplacent jamais un repas de foin ou de ration.
- On limite les ingrédients trop riches en sucres ou en matières grasses.
- On introduit toute nouveauté en petite quantité pour observer la tolérance du cheval.
Chevaux sensibles : redoubler de prudence
Certaines pathologies nécessitent une vigilance accrue :
- Chevaux sujets à la fourbure ou à l’insulino-résistance : limiter fortement les fruits et tout ingrédient sucré.
- Chevaux en surpoids : privilégier des friandises très riches en fibres et pauvres en énergie.
- Chevaux atteints de troubles hépatiques ou métaboliques : demander l’avis du vétérinaire avant d’introduire de nouvelles friandises.
Dans tous les cas, les friandises ne doivent pas déséquilibrer la ration globale et restent un complément ponctuel.
2. 10 ingrédients du quotidien à transformer en friandises adaptées
1. La pomme : le grand classique à utiliser avec parcimonie
La pomme est souvent la première friandise qui vient à l’esprit du cavalier. Elle est :
- Facilement disponible toute l’année.
- Riche en eau et en fibres solubles.
- Appréciée de la majorité des chevaux.
Idées d’utilisation :
- En morceaux frais, donnés à la main en récompense immédiate.
- Râpée puis incorporée dans une pâte de friandises maison (avec flocons d’avoine, par exemple).
- En rondelles séchées au four à basse température pour obtenir des chips de pomme moins sucrées concentrées.
Précautions :
- Retirer le cœur dur si votre cheval a tendance à gober sans mâcher.
- Limiter la quantité pour les chevaux sensibles au sucre : une à deux petites pommes par jour au maximum.
2. La carotte : fibreuse, croquante et polyvalente
La carotte est une autre valeur sûre, un peu moins sucrée que la pomme et très intéressante pour le côté ludique :
- Riche en bêta-carotène (précurseur de la vitamine A).
- Source de fibres et d’eau.
- Texture croquante qui plaît à beaucoup de chevaux.
Idées de recettes :
- Bâtonnets de carotte, pratiques pour les exercices de stretching (incitations à l’extension d’encolure).
- Carottes râpées intégrées à une pâte de friandises cuites au four.
- Lamelles de carotte séchées, à garder dans la poche pour la récompense en balade.
Comme pour la pomme, on évite les excès quotidiens, surtout chez les chevaux en surpoids ou à risque de fourbure.
3. La banane : pour les chevaux très gourmands
La banane est parfois moins connue comme friandise, mais de nombreux chevaux l’adorent. Elle apporte :
- Des sucres rapides (à utiliser avec modération).
- Du potassium et du magnésium.
- Une texture molle, utile pour cacher un comprimé ou un médicament.
Utilisations possibles :
- Rondelles de banane fraîche données à la main.
- Purée de banane comme liant dans vos pâtes à biscuits pour chevaux.
- Fines tranches de banane séchées, très appétentes mais plus concentrées en sucres.
Précautions : la banane est plus riche en sucres que la pomme ou la carotte. Elle est donc à réserver en petites quantités et à éviter chez le cheval obèse ou insulinorésistant.
4. Les flocons d’avoine : une base idéale pour des biscuits maison
L’avoine est une céréale traditionnellement utilisée dans l’alimentation des chevaux. Sous forme de flocons, elle constitue une excellente base pour des biscuits :
- Source d’énergie digestible.
- Apporte des fibres et une certaine texture à la pâte.
- Se mélange bien avec des fruits râpés (pomme, carotte) ou des graines.
Idée de pâte simple :
- Flocons d’avoine.
- Pomme râpée ou carotte râpée.
- Un peu d’eau tiède pour lier.
- Éventuellement une petite quantité d’huile végétale (colza, lin) pour la texture.
On façonne de petites bouchées et on fait sécher doucement au four. L’objectif n’est pas de sucrer davantage, mais de créer une récompense pratique à manipuler et transportable.
5. L’orge (concassée ou floconnée) : une alternative à l’avoine
L’orge est une autre céréale fréquemment utilisée dans les rations. Concassée ou floconnée, elle peut enrichir vos recettes de friandises :
- Texture agréable pour le cheval.
- Énergie intéressante pour les chevaux au travail (mais à doser).
- Se combine bien avec des ingrédients riches en fibres (son de blé, par exemple).
Pour limiter les apports d’amidon, on veille à ne pas transformer ces biscuits à base d’orge en consommation quotidienne massive. Ils doivent rester ponctuels, notamment pour les chevaux déjà nourris avec une ration concentrée importante.
6. Le son de blé : pour enrichir en fibres vos friandises
Le son de blé est souvent utilisé pour préparer des mash. Riche en fibres, il permet de :
- Donner du volume et de la texture aux friandises.
- Limiter la densité énergétique globale de la préparation.
- Faciliter la fabrication de petites bouchées que le cheval mâchera bien.
Idée de mélange :
- Son de blé comme base volumineuse.
- Un peu de flocons d’avoine ou d’orge.
- Légumes râpés (carottes, pommes) pour l’appétence.
- Eau tiède pour former une pâte malléable.
On évite cependant d’en abuser, en particulier chez les chevaux qui reçoivent déjà beaucoup de son dans leur ration, afin de ne pas déséquilibrer l’apport en minéraux (notamment calcium/phosphore).
7. La luzerne déshydratée : pour des friandises riches en fibres et protéines
La luzerne est une plante fourragère intéressante sur le plan nutritionnel :
- Riche en protéines de bonne qualité.
- Source de calcium.
- Très fibreuse, ce qui en fait une bonne base pour des friandises plus “saines”.
Sous forme de bouchons ou de brins déshydratés, vous pouvez :
- Réhydrater légèrement des bouchons de luzerne avec un peu d’eau.
- Les mélanger avec de la pomme ou de la carotte râpée.
- Former de petites boulettes à faire sécher au four.
Ces friandises conviennent particulièrement aux chevaux ayant besoin d’un apport supplémentaire en fibres de qualité ou aux chevaux qui doivent limiter les céréales. On surveille néanmoins la quantité pour les chevaux déjà sur des rations riches en luzerne afin de ne pas surcharger l’apport en protéines et en calcium.
8. La betterave (fourragère ou pulpe déshydratée) : une friandise énergétique et fibreuse
La betterave fourragère ou la pulpe de betterave (réhydratée) sont des ingrédients courants dans la ration de certains chevaux :
- Apportent de l’énergie principalement sous forme de fibres fermentescibles.
- Sont en général bien tolérées digestivement.
- Peuvent donner une texture moelleuse à vos recettes.
Utilisations possibles :
- Petites portions de pulpe de betterave réhydratée, mélangée avec des flocons d’avoine et des carottes râpées pour former des bouchées.
- Betterave fourragère crue, coupée en dés, utilisée comme récompense fraîche (en quantité modérée).
On évite en revanche la betterave sucrière traditionnelle (plus riche en sucres) et l’on suit les recommandations habituelles pour la réhydratation correcte de la pulpe de betterave avant distribution.
9. Les graines de lin : un complément intéressant à petite dose
Les graines de lin sont souvent conseillées pour :
- Leur apport en acides gras oméga-3.
- Leur effet bénéfique potentiel sur la brillance de la robe.
- Leur rôle lubrifiant modéré sur le transit lorsqu’elles sont préparées correctement.
Dans les friandises, elles peuvent :
- Ajouter un léger croquant.
- Enrichir la recette en lipides de bonne qualité.
Précautions importantes :
- Ne pas distribuer de grandes quantités de graines de lin crues, et ne pas en faire l’ingrédient principal de la friandise.
- Privilégier les graines de lin cuites (pré-bouillies) ou extrudées lorsqu’elles sont utilisées en quantité plus conséquente.
Dans une recette de biscuits, ajouter simplement une petite poignée de graines de lin à une grande quantité de flocons d’avoine ou de luzerne pour sécuriser leur utilisation.
10. La menthe et les herbes aromatiques : pour varier les saveurs
La menthe (fraîche ou séchée) est souvent très appréciée des chevaux. D’autres herbes peuvent également être utilisées en petites quantités :
- Menthe poivrée.
- Camomille (séchée).
- Fenugrec (très appétent, mais à utiliser avec parcimonie).
Intérêts des herbes aromatiques dans les friandises :
- Varier les goûts sans ajouter de sucre.
- Rendre les biscuits plus attractifs pour les chevaux difficiles.
- Introduire doucement certaines plantes bénéfiques, en accord avec le vétérinaire ou le nutritionniste si nécessaire.
Il est en revanche essentiel de se limiter à des plantes bien connues et non toxiques pour l’espèce équine. On évite toute expérimentation sauvage avec des herbes de jardin dont la sécurité n’est pas documentée.
3. Conseils pratiques pour transformer ces ingrédients en friandises adaptées
Choisir la bonne taille et texture de friandise
Pour que les friandises soient réellement adaptées au cheval et sécurisées, on veille à :
- Privilégier de petites bouchées faciles à mâcher et à avaler.
- Éviter les gros morceaux trop durs chez les chevaux âgés ou aux dents usées.
- Adapter la taille à l’usage : mini friandises pour le travail à pied répétitif, morceaux un peu plus gros après la séance au box.
Les friandises maison peuvent être :
- Molles et légèrement humides (mais se conserveront moins longtemps).
- Plus sèches et croquantes si elles sont bien déshydratées au four, ce qui augmente leur durée de conservation.
Limiter les sucres ajoutés et les ingrédients inadaptés
Dans un souci de santé à long terme, il est préférable de :
- Ne pas ajouter de sucre, miel, mélasse ou sirops à vos recettes.
- Éviter les farines blanches trop raffinées (préférer les flocons, le son, les fibres).
- Bannir les ingrédients inadaptés aux chevaux : chocolat, aliments salés, restes de pâtisserie humaine, etc.
Le goût sucré peut déjà être apporté, en quantité modérée, par des fruits comme la pomme, la carotte ou la banane. Ce n’est pas la peine d’intensifier encore la charge glucidique.
Conservation et hygiène
Les friandises maison, surtout lorsqu’elles contiennent des fruits frais, peuvent se conserver moins longtemps que les produits industriels :
- Privilégier de petites fournées pour éviter le gaspillage.
- Conserver dans une boîte hermétique, dans un endroit sec et à l’abri de la chaleur.
- Si la recette est très humide, stocker au réfrigérateur et consommer rapidement.
- Observer toujours l’aspect et l’odeur : au moindre doute (moisissures, odeur suspecte), jeter les friandises.
Utiliser les friandises comme outil de travail pédagogique
Au-delà de l’aspect gourmand, les friandises peuvent devenir un véritable outil de travail à condition d’être utilisées correctement :
- Renforcer un bon comportement (immobilité au montoir, patience à l’attache, cessions à pied).
- Faciliter les soins : donner une friandise lors des soins des pieds, du pansage ou de l’administration de médicaments.
- Rendre certains exercices plus ludiques pour le cheval (stretching, travail de mobilisation de l’encolure).
On veille cependant à :
- Ne pas renforcer les comportements envahissants (cheval qui fouille les poches, qui mordille ou pousse pour obtenir).
- Distribuer la friandise seulement lorsque le cheval est calme et offre l’attitude souhaitée.
- Garder une cohérence : si une réponse n’est pas correcte, on ne récompense pas.
4. Adapter les recettes à votre cheval et aller plus loin
Prendre en compte l’âge, l’état corporel et le travail
Chaque cheval étant différent, la même recette ne conviendra pas forcément à tous :
- Jeunes chevaux ou chevaux au travail intense : peuvent tolérer des friandises un peu plus énergétiques, sans excès.
- Chevaux âgés : préférer des textures plus molles, faciles à mâcher, et des ingrédients digestes.
- Chevaux en surpoids : limiter les fruits sucrés, privilégier des friandises riches en fibres (luzerne, son, morceaux de carotte en petite quantité).
L’observation reste la clé : un cheval qui devient trop excité après les friandises ou qui prend du poids rapidement doit vous amener à revoir les recettes et les quantités.
Expérimenter de nouvelles combinaisons en restant dans un cadre sécurisé
Une fois les bases maîtrisées, vous pouvez varier les plaisirs en combinant plusieurs ingrédients parmi les dix présentés :
- Biscuits avoine–pomme–carotte.
- Bouchées luzerne–carotte–menthe.
- Petites galettes son de blé–pulpe de betterave–pomme râpée, avec une pointe de graines de lin.
L’essentiel est de garder des proportions raisonnables, de rester dans des aliments connus et sûrs pour les chevaux, et de bien surveiller la réaction de votre compagnon lors des premiers essais.
Pour approfondir le sujet, découvrir des idées de proportions, de temps de cuisson et d’autres variations possibles, vous pouvez consulter notre article spécialisé sur les recettes de friandises pour chevaux : un dossier complet dédié aux différentes façons de préparer des récompenses maison.

